A travers cet article nous allons examiner le cas concret d'un cycliste professionnel et son évolution sur 5 mois jalonnés de 2 training camp et 1 semaine de monitoring
et de différents protocoles et stratégies d'entrainement
Situation initiale
L'athlète:
Cycliste professionnel de 26 ans, 176cm-61kg
Lieu du test
La montée chronométrée correspond à un tronçon de l'ascension du Mont Ventoux coté Bédoin et plus précisément entre St-estève et le chalet reynard
La pente moyenne 9,3%
Conditions du test
Hormis la température qui fut différente (saisonnalité différente), en ce qui concerne l'état de fraicheur de l'athlète, nous avons observé pour chacun de tests une journée de repos la veille de ce dernier
La charge antérieure étant monitorée avec une assez bonne similitude ce qui nous permet d'avoir une confiance importante dans la robustesse des conclusions pouvant etre émises à la lecture des resultats
Le test de février
Certainement pas le meilleur mois pour grimper jusqu'a 1200m mais les conditions météos furent très clémentes voire printanière comme en atteste la température moyenne mesurée de 18°
Ce test fut réalisé dans le cadre d'un bilan et d'un profilage physiologique global (indoor) mais nous étions dans une optique de collaboration avec pour but le dévéloppemeent des facteurs limitants la performance de cet athlète
Suite à ce test, il est rapidement apparu que le système de performance de ce dernier le plus limitant était le système ventilatoire et la diffusion d'oxygène suivi par le système musculaire et une problématique de cadence.
RPE Ventilatoire : 8
RPE muscuslaire : 8,5
RPE Cardiaque : 8
Le test d'avril
Lors de ce test nous avions mis en place au sein training camp qui a vu ce dernier etre réalisé, un début d'approche ventilatoire.
La conscientisation et la création d'une stratégie ventilatoire assez "basique" (1' focus Tv expiratoire-30" libre) au vu des non-capacités actuelles de l'athlète
Un travail sur la synchronisation spatiale et temporelle des unites motrices à également était entamé dans le but d'améliorer la vélocité.
Temps d'ascension: - 33 secondes
Puissance ascension: + 15w
Cadence: +4 rpm
Volume courant: + 0,43 L
Fréquence ventilatoire: - 2 ppm
VO2 moyenne: + 4 ml/min/kg
RPE Ventilatoire : 9
RPE muscuslaire : 8,5
RPE Cardiaque : 8
Le test de Juin
Ce dernier a eu lieu dans le training camp du mois de juin après une période de course durant laquelle peu de travail pu etre réellement effectué par l'athlète.
Néanmoins le training camp fut orienté essentiellement sur la mise en place d'un protocole d'entrainement ventilatoire (dont on tirera les bénéfices ultérieurement)
Sur ce test l'athlète n'a pas su gérer et conscientiser suffisamment sa ventilation avec une fréquence ventilatoire trop élévé par rapport a son profil ventilatoire établi au préalable
La chaleur notable fut citée en 1er lieu par l'athlète quand à sa non capacité a garder un focus meilleur
La dérive thermique important rencontrée (monitorée avec Core mais non rapportée sur ce tableau) corrobore parfaitement les conditions environnementales rencontrés.
Température : + 11 degrés
Temps d'ascension: +2 secondes
Puissance ascension: + 0w
Cadence: +1 rpm
Volume courant: - 0,05 L
Fréquence ventilatoire: +6 ppm
VO2 moyenne: + 4 ml/min/kg (+7 vs Février)
RPE Ventilatoire : 9
RPE muscuslaire : 9
RPE Cardiaque : 9
Le test d'Aout
Bien que nous soyons en plein été, la température fut néanmoins inférieure à celle du test réalisé au mois de juin avec 27° sur la montée.
Ce qu'il y a de notable sur ce training camp, c'est les 2 mois d'entrainement ventilatoire en isocapnie initié depuis le début du précédent training camp (juin) ainsi que le travail inspiratoire à resistance variable
Ajouté à cela, nous avons également pu réellement mettre l'accent sur une "vraie" stratégie ventilatoire en réalisant des simulations ciblées lors de monitoring dans des conditions similaires (durée, intensités, pente...)
En dernier lieu, nous avions abordé sur des exercices l'approche globale du Cross énergétique afin de maximiser les gains et la capacité de l'athlète au terme de ce training camp
Dans le but de pouvoir bénéficier des gains du "cross énergétique" nous avions également mis un développement plus petit afin d'avoir la possibilté de cadencer autour des 100rpm sur les phases assis
Temps d'ascension: - 1 minute et 14 secondes
Puissance ascension: + 22w
Cadence: +6 rpm
Volume courant: +0,49 L
Fréquence ventilatoire: -7 ppm
VO2 moyenne: +1 ml/min/kg (+8 vs Février)
RPE Ventilatoire : 7,5
RPE muscuslaire : 8,5
RPE Cardiaque : 7
Discussion et analyse des résultats, évolution de la performance
Sans faire preuve d'un sens analytique aigu, il est assez simple de conclure que le test du mois d'Aout surpasse les 3 autres.
Mais nous ne voulons pas nous arrêter simplement sur le durée de la montée qui demeure pourtant l'étalon de la perfromance absolu en course.
Avec la plus haute Vo2, la plus grande puissance développée, une meilleure cadence, un Volume courant (Tv) supérieur de 0,5L (sur celui du mois de juin et presque 0,9L (sur celui de Février), une fréquence ventilatoire la plus basse.....
La performance réalisée n'est donc pas inattendue à la lecture de ces données
D'un point de vue physiologique nous avons plusieurs explications
Une légère augmentation de Vo2 malgré un volume total identique, corrélé à une baisse de la fréquence ventilatoire (Rf) et une nette hausse du volume courant (tv) à pour conséquence .......
Amélioration de l'extraction de l'oxygène musculaire (FeO2)
Baisse du cout énergétique du réflexe métabolique ventilatoire (CE RMV)
L'amélioration de performance est donc plus impactée par le meilleur rendement énergétique obtenu par la baisse du CE RMV
Il est à noter également qu'avec un couple identique et une augmentation de la cadence moyenne observée lors de cette montée en "cross énergétique" il a été porté une attention particulière sur la stratégie ventilatoire sur les phases "assises" comme les phases "danseuses" afin de maitriser la fréquence ventilatoire
Notons en dernier lieu les données perceptives de l'effort (RPE).
Sur le test du mois d'Aout, le RPE cardiaque est le plus bas de tout les tests avec pourtant un .......
HR mean élevé (171 vs 173 Juin)
Le RPE du test du mois de Juin était de 9 Vs 7 pour le test du mois d'Aout
Ce résultat est parfaitement corrélé avec les nombreux résultats obtenus lors des plusieurs dizaines de monitoring différents à savoir:
Avec une stratégie ventilatoire précise et suivie, le focus attentionnel sur cette dernière à pour effet une baisse de la perception de l'effort au niveau cardiaque
Conclusion
Le protocole d’entraînement appliqué à l'athlète a conduit à des résultats mesurables et significatifs dans plusieurs paramètres physiologiques clés.
L'augmentation observée de la VO2max, de la puissance développée, et du volume courant, accompagnée d'une réduction de la fréquence ventilatoire, indique une amélioration de l'efficacité ventilatoire.
Ces changements physiologiques peuvent être interprétés comme une meilleure extraction de l'oxygène au niveau musculaire, ainsi qu'une réduction du coût énergétique associé à la ventilation (CE Réflexe Métabolique Ventilatoire).
Ce dernier point est particulièrement pertinent, car il suggère que l'athlète a réussi à optimiser son rendement énergétique global, rendant l'effort moins coûteux sur le plan métabolique.
L'intégration d'une stratégie ventilatoire adaptée, en particulier durant les phases critiques de l'effort, souligne l'importance de l'interaction entre les paramètres ventilatoires et la performance sportive.
Ces résultats soutiennent l'idée que des interventions ciblées sur la ventilation peuvent avoir un impact positif sur l'endurance et l'efficacité de l'athlète.
En conclusion, ce protocole d’entraînement démontre l'importance de l'individualisation des stratégies d'entraînement, en mettant en lumière le rôle crucial de l'entraînement ventilatoire dans l'amélioration des performances cyclistes.
Les résultats obtenus ouvrent des perspectives pour des recherches futures sur l'optimisation de l'entraînement dans sa transversalité, et soulignent la nécessité d'une approche intégrative en physiologie de l'exercice.
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